Xavier Hautbois

Mélodie de formes

La Série Anne Hébert (2017)

La Série Anne Hébert a été réalisée pour l’œuvre Mes mains écartent le jour (2016-2017) sur les textes de la poétesse (musique : X. Hautbois et M. Laliberté ; mezzo-soprano : D. Arrigoni ; chorégraphie : M. C. Hayes).

Indépendamment de l’œuvre musicale jouée en concert, la Série se décline en plusieurs tableaux autonomes, diffusés sur supports numériques en très haute définition afin de restituer la précision du trait. Chaque tableau animé, discrètement sonore, traduit une scène de l’œuvre dont elle est extraite. Dans la mouvance de l’art génératif, la singularité de cette approche sérielle est d’être composée à partir d’une unique formule mathématique, qui se déploie graphiquement de mille façons, de la forme organique rassemblée à la texture complexe, en jouant sur une transparence des couleurs que seule la haute définition permet, tout en conservant une trace de cette unité mathématique sur laquelle la série est construite.

Si Xavier Hautbois a souvent recours aux mathématiques comme instrument d’expression formelle — qu’il s’agisse de ses compositions musicales (flux sonores, structures musicales) ou de ses œuvres numériques (mélodies de formes) — il n’accepte jamais leur transposition froide dans les espaces de représentation sensible, mais vise plutôt l’expression d’une certaine beauté lyrique, n’évacuant ni la notion de plaisir, ni la sensualité. En opposition avec l’esthétique de Marcel Duchamp, qui érigeait en dogme le caractère iconoclaste de ses objets trouvés et rejetait toute délectation artistique, les objets mathématiques trouvés et observés au microscope par Xavier Hautbois sont étudiés précisément pour leur suggestivité et leur potentiel à produire de l’émotion. Dans le projet esthétique d’une recherche de la beauté-même des mathématiques, où les formes sont découvertes, non pas créées, le hasard n’a pas sa place, pas plus que l’indétermination. De l’infinie diversité des formes mathématiques, le travail de composition graphique consiste en premier lieu à dégager de la formule arithmétique complexe et aride, des formes susceptibles de générer de l’émotion. Et dans cette pratique minutieuse, comparable à plus d’un titre à l’exercice artisanal de composition électroacoustique, le cheminement est lent, menant parfois à des voies sans issues, mais où il s’opère aussi souvent des effets de surprise, des incongruités, la découverte inattendue de formes inédites singulières.