au Bastille Design Center du 16 au 19 mars 2011
Le Bastille Design Center, ancienne quincaillerie du 11è arrondissement de Paris, composée d’une structure métallique et de briques - bel exemple d’architecture industrielle du XIXè siècle - est un lieu privilégié pour présenter des créations contemporaines autour du thème des mémoires industrielles.
Une trentaine d’artistes de l'association Le Génie de la Bastille s’emparent de ce thème pour interroger le monde d’aujourd’hui, en s’inspirant de notions telles que les processus industriels, la mécanisation, le rendement, la productivité, la délocalisations, la mémoire humaine, la mémoire des lieux, la mémoire des comptes...
La mémoire industrielle perdure-t-elle ? Quels regards les artistes portent-ils sur les anciens sites de production ?
Les Mémoires industrielles sont composées de la mémoire vivante, la mémoire virtuelle, la mémoire embellie, la mémoire abimée, la mémoire lointaine, la mémoire stockée etc.
En représentant symboliquement un des immeubles de la rue des Immeubles-industriels du 11è arrondissement construit spécialement pour les besoins nécessaires à l'industrialisation des techniques de l'époque, je propose cette installation afin de présenter 3 facettes des différentes mémoires industrielles :
- Le sol autour de l'immeuble est dédié à la mémoire industrielle du lieu, il sera illustré avec des plans de l'arrondissement vu du ciel.
- L'intérieur de L'immeuble est éclairé, c'est la mémoire réelle des activités industrielles, elle est présente et vivante, figurée par des silhouettes en ombres « mobiles » et « sonores ».
- La toiture de l'immeuble est recouverte d'images et d'informations connectées, reliés par un fil conducteur, c'est la mémoire industrielle stockée, que nous recherchons et pouvons tous acquérir par l'intermédiaire des réseaux du web et des NTIC.
Site de François Cosson : http://www.fcosson.fr
Quels sons pour témoigner de la mémoire industrielle ? Très loin des utopies du machinisme futuriste, étrangère aussi aux compositions automatiques, cette réalisation musicale a pour objet de faire percevoir le son industriel enraciné dans un imaginaire collectif.
Pour cette réalisation, nous avons construit plusieurs ensembles de sons, organisés en formes musicales complexes (que nous appelons des mélodies solides), dont la manipulation nécessite des moyens informatiques. Les sons sont empruntés principalement au monde industriel. C’est donc la machine – l’ordinateur – qui anime les machines. Mais, sous le regard permanent de l’artisan qui choisit son angle de vue, souligne certains contours, se focalise sur un détail qui lui semble pertinent, amplifie tel ou tel effet. Le son industriel, brut ou transformé, planifié dans une structure organique qui lui donne sens, acquiert alors une nouvelle cohérence fonctionnelle.
La main est en contact avec la matière travaillée : sons frappés, raclés ou frottés sur du métal ou du bois. Quelques sons tenus créent une apparente continuité dans ce dispositif industriel dont la finalité interroge et dont le mouvement, lent et précis, s’apparente à une marche.
L’homme se positionne en retrait. La machine est actionnée par un simple déclenchement. Le lien de causalité entre la main et la matière se perd dans l’évocation de ce ballet industriel.
Timbres vacillants des sons filtrés aux couleurs électroniques. Peu à peu un message sonore est constitué, mais qui semble ne pas trouver de réponse. Séduction et inhumanité des industries virtuelles. On n’utilise ici aucune voix transformée : la simple succession de formes dynamiques est perçue comme des syllabes.
Le temps est suspendu par de vastes respirations qui portent les traces de productions humaines. Le traitement spectral du son attire l’attention tantôt vers les couleurs bruitées de l’industrie, tantôt vers des timbres de voix. Sorte de chant choral qui fait une synthèse homme/machine.